Modification du contrat de travail –
Conditions de travail –
Pouvoir de direction de l’employeur
Les magistrats de la chambre sociale de la Cour de Cassation se sont
récemment prononcés sur le pouvoir de direction de l’employeur en
matière de changement d’horaires de travail dans deux arrêts rendus
en date du 3 novembre 2011.
Si la modification des conditions de travail relève du pouvoir de direction
du chef d’entreprise et peut donc être imposée au salarié, la modification
substantielle du contrat de travail doit être, au contraire, acceptée par le
salarié.
Ainsi, les magistrats de la chambre sociale, s’inscrivant dans le droit fil de
la jurisprudence, ont pu rappeler que le passage d’horaires continus à des
horaires discontinus constituait une modification du contrat de travail
devant être acceptée par le salarié.
Rappelons que la même position avait été adoptée concernant le passage
d’horaires de jour à des horaires de nuit ou l’inverse
(Cass. Soc., 27 février 2001, n°98-43.783) ou le passage d'horaires fixes
à des horaires variables (Cass. Soc., 14 novembre 2000, n°98-43.218).
En conséquence de quoi, l’employeur ne peut donc licencier un salarié
au motif pris que ce dernier a refusé le passage d’horaires continus à
des horaires discontinus (Cass. soc., 03 novembre 2011, n°10-30.033).
En revanche, une nouvelle répartition des horaires de travail du salarié,
exit le passage d’horaires continus à des horaires discontinus, ou vice versa,
ne constitue pas un changement du contrat de travail, mais un changement
des conditions de travail relevant du pouvoir de direction de l’employeur.
Ainsi, le salarié qui refuserait ce changement pourrait être disciplinairement
sanctionné.
Cependant, ce pouvoir de direction n’est pas sans limite. En effet, si la
modification des horaires de travail du salarié porte une atteinte excessive
au droit du salarié au respect de sa vie personnelle et familiale ou à son droit
de repos, il s’agira alors d’une modification du contrat de travail devant
donc être accepté par le salarié
(Cass. Soc., 03 novembre 2011, n°10-14.702).